Chapitre Introductif :
Tyon
À
l'époque du Merveilleux, il existait un continent nommé Belle-Érys.
C'était une immense étendue de terre qui abritait d'innombrables
trésors, et qui était séparée en cinq provinces : Ériale,
Médène, Fidia, Eauclaire et Natale.
À
Natale, la tradition voulait qu'à la fin de l'école primaire, les
enfants quittent la maison familiale pour accomplir pendant cinq ans
leur service à la société : la Sociétale.
Mais
au fil des ans, la tradition était peu à peu abandonnée, et seuls
quelques uns la respectaient encore. Pourquoi ? Parce que la
Sociétale offrait un gros avantage : celui de pouvoir voyager dans
les provinces voisines, et découvrir les richesses qu'elles
abritaient...
Mais
avant de les laisser partir, il fallait qu'ils fassent leurs preuves
en partant du cocon familial pendant deux saisons1.
Ceux qui y parvenaient étaient autorisés à se lancer dans la
grande aventure.
C'est
ce qui expliquait qu'en ce moment, dans une maison de la bourgade du
Mercarel, un jeune garçon s'agitait. Il courait dans tous les sens,
poursuivi par ses grands-parents qui tentaient désespérément de le
retenir. Il hissait sur ses petites épaules des balluchons, et les
entassait au seuil de la porte, qu'il n'avait pas encore ouvert pour
aller saluer la jeune fille qui l'attendait dehors.
Elle
se trouvait au milieu du jardin orné de plates-bandes fleuries qui
diffusaient leur parfum printanier. Devant elle, se dressait la
maison blanche à étages. Les rideaux des fenêtres étaient tous
tirés et derrière ceux-ci, elle distinguait trois silhouettes qui
s'animaient.
Elle
reconnaissait celle du grand-père, mince et élancée, celle de la
grand mère, de taille moyenne, et enfin celle du jeune garçon. Ce
dernier était suivi d'une fée à la lueur violette.
Soudain,
la porte s'ouvrit et il apparut, chargé de balluchons. Il était
vêtu d'une salopette sombre aux bretelles pendantes, assortie d'une
marinière à manches courtes, aux rayures noires et blanches.
La
jeune fille l'observait quand elle remarqua la créature qui voletait
à ses côtés, et qu'elle pensait être une fée. Surprise, elle
plissa les yeux pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas, puis comprit
que ce n'était pas une fée... mais un fé !
Le
garçon demeura immobile pendant un moment, fixant d'un œil curieux
mais aussi méfiant celle qui l'attendait. C'était une adolescente
aux cheveux bruns et mi-longs, aux yeux bridés. Contrairement à
lui, elle ne possédait pas de féee1.
Dommage : son petit Lunra ne s'amuserait pas beaucoup, là-bas.
Il
l'observa encore durant quelques instants, avant de se décider à
l'approcher d'un pas assuré, et de lui tendre la main. En temps
normal, le caractère trempé de la jeune fille l'aurait poussé à
l'écarter d'une tape, mais ici, devant ces vieillards qui guettaient
à la fenêtre... ça n'aurait pas été très correct. Alors, elle
la serra.
— Bonjour, salua-t-elle. Je m'appelle Danne, c'est avec moi que tu habiteras désormais. Tu es Tayonne Clou, c'est ça ?
— Oui. Tyon Cloud. Prononce Té-yonn Clawd, précisa-t-il en souriant, tandis qu'elle haussait les épaules.
— Bonjour, salua-t-elle. Je m'appelle Danne, c'est avec moi que tu habiteras désormais. Tu es Tayonne Clou, c'est ça ?
— Oui. Tyon Cloud. Prononce Té-yonn Clawd, précisa-t-il en souriant, tandis qu'elle haussait les épaules.
La
première impression que Danne avait eue de Tyon, était qu'il devait
être sympathique. Il semblait âgé de dix ou onze ans. Il avait un
visage d'enfant, avec une chevelure blond cendré en bataille. Dans
ces yeux bleus-gris qui la fixaient, pétillait une certaine malice,
qui avait dû donner durant des années du fil à retordre à ses
grands-parents. Il avait tout du garçon normal, du genre à être
apprécié par sa bande d'amis. Mais il avait aussi tout pour devenir
son souffre-douleur, quand ils vivraient tous les deux...
— Enchantée Tyon, répondit-elle, en secouant sa main. Dis-moi, c'est bien un fé que je vois là ?
— Oui ! Il s'appelle Lunra ! Affirma-t-il, enthousiaste, pendant que le fé tourbillonnait autour de Danne. Tu n'as jamais vu de fé ?
— À vrai dire, les fés sont très rares dans la région d'où je viens. Bien, donne-moi tes affaires, je vais commencer à les charger.Merci Danne, dit-il, en se débarrassant de ses balluchons.
— Il ne me reste plus qu'un tour à faire, et nous pourrons enfin partir... Je suis tellement impatient... !
« Oh, crois-moi, tu changeras vite d'avis quand nous serons là-bas, pensa Danne. »
— Enchantée Tyon, répondit-elle, en secouant sa main. Dis-moi, c'est bien un fé que je vois là ?
— Oui ! Il s'appelle Lunra ! Affirma-t-il, enthousiaste, pendant que le fé tourbillonnait autour de Danne. Tu n'as jamais vu de fé ?
— À vrai dire, les fés sont très rares dans la région d'où je viens. Bien, donne-moi tes affaires, je vais commencer à les charger.Merci Danne, dit-il, en se débarrassant de ses balluchons.
— Il ne me reste plus qu'un tour à faire, et nous pourrons enfin partir... Je suis tellement impatient... !
« Oh, crois-moi, tu changeras vite d'avis quand nous serons là-bas, pensa Danne. »
Tyon
s'éloigna rapidement et retourna dans la maison, suivi de Lunra. Au
moment où il franchit la porte, il surprit ses grands-parents,
glissés derrière les rideaux, en train d'épier Danne.
— Vous n'avez pas honte ? Fit-il, en les faisant bondir.
— Vous n'avez pas honte ? Fit-il, en les faisant bondir.
Il
demeura immobile à l'entrée, réalisant peu à peu qu'il vivait ses
dernières minutes dans la maison familiale. Il soupira. Il monta les
escaliers, décorés d'un tapis rouge tourna à l'angle et entra dans
sa chambre.
Son
balluchon était posé sur son lit. Quand il voulut le prendre, il
entendit son grand-père se racler doucement la gorge.
— Je dois te parler Tyon !
— Je dois te parler Tyon !
Sa
grand-mère se tenait au pas de la porte, les mains jointes, le
visage crispé.
— Non grand-père, ça ne va pas recommencer ! Poussa Tyon.
— Mais... Tyon, nous ne comprenons pas... Qu'est-ce qui te pousse à nous quitter ? Questionna sa grand-mère d'une voix inquiète.
— Je vous le répète pour la cinquième fois : la Sociétale.
— Mais, la Sociétale, ce n'est pas forcément partir de la maison ! Dit le grand-père. La Sociétale ne vous oblige plus à partir immédiatement après l'école primaire, vous avez une saison libre... Passe-la avec nous !
— Non grand-père, ça ne va pas recommencer ! Poussa Tyon.
— Mais... Tyon, nous ne comprenons pas... Qu'est-ce qui te pousse à nous quitter ? Questionna sa grand-mère d'une voix inquiète.
— Je vous le répète pour la cinquième fois : la Sociétale.
— Mais, la Sociétale, ce n'est pas forcément partir de la maison ! Dit le grand-père. La Sociétale ne vous oblige plus à partir immédiatement après l'école primaire, vous avez une saison libre... Passe-la avec nous !
Tyon
soupira, déplaça son balluchon et se posa sur le lit. Sa chambre
était en longueur et possédait une seule fenêtre, au bout de la
pièce. Les murs étaient ornés de plusieurs cartes de Belle Erys,
avec ses provinces aux paysages différents. Il y avait aussi des
portraits de famille. Une mère, des frères plus âgés, une sœur,
des grands-parents. Tous paraissaient heureux. Beaucoup étaient déjà
partis explorer le Monde. À présent, son tour était venu de
reprendre le flambeau.
— Grand-père... J'ai besoin d'apprendre à devenir autonome.
— Grand-père... J'ai besoin d'apprendre à devenir autonome.
Apprendre
à devenir autonome ! Hallucinait le grand-père, choqué. Comment
pouvait-on dire ce genre de choses à dix ans ? Cette province et son
système étaient en train de détruire l'enfance !
— Je voudrais partir explorer les autres provinces, expliqua-t-il. Nous pourrons toujours nous voir, et puis, je vous écrirai !
— Mais où veux-tu aller ?
— Je ne sais pas pour l'instant. Ne soyez pas si tristes, vous aurez toujours Rose. En plus, vous ne nous entendrez plus nous disputer !
— Je voudrais partir explorer les autres provinces, expliqua-t-il. Nous pourrons toujours nous voir, et puis, je vous écrirai !
— Mais où veux-tu aller ?
— Je ne sais pas pour l'instant. Ne soyez pas si tristes, vous aurez toujours Rose. En plus, vous ne nous entendrez plus nous disputer !
Tyon
leva ses yeux sur le portrait familial et quitta définitivement sa
chambre.
— Helléanore, courage... Réconfortait le grand-père, tandis qu'elle étouffait un sanglot.
— Edhart... tu crois qu'il y a encore un espoir... ? Murmura-t-elle en essuyant les larmes qui brillaient au coin de ses yeux.
— Helléanore, courage... Réconfortait le grand-père, tandis qu'elle étouffait un sanglot.
— Edhart... tu crois qu'il y a encore un espoir... ? Murmura-t-elle en essuyant les larmes qui brillaient au coin de ses yeux.
Son époux la contempla avec attendrissement.
— Je pense que nous devons respecter sa décision. Nous devons lui faire confiance. Le rôle des parents est d'aider leurs enfants à réussir, et non de s'opposer à eux. Nous nous lamentons au lieu de nous réjouir d'avoir un petit fils si déterminé, qui sait déjà ce qu'il veut faire.
Tyon
les attendait dans le jardin. Danne entassait les balluchons dans la
charrette garée. Y étaient attelés deux moas dodus. Son
grand-père le serra fort dans ses bras. Sa grand-mère pleurait en
silence.
— Tu n'es toujours pas parti ? Lança soudain une jeune fille qui apparut au pas de la porte.
— Tu n'es toujours pas parti ? Lança soudain une jeune fille qui apparut au pas de la porte.
Danne
se retourna et la dévisagea. Elle eut une impression de déjà vu.
Elle observa Tyon, puis la fille ; puis Tyon, puis la fille...
— Sans blague ! Vous êtes des ju... Allait-elle dire.
— Non, JE suis la plus grande ! Clama la jeune fille.
— Menteuse, c'est moi !Non c'est moi !Non, moi !
— Sans blague ! Vous êtes des ju... Allait-elle dire.
— Non, JE suis la plus grande ! Clama la jeune fille.
— Menteuse, c'est moi !Non c'est moi !Non, moi !
Danne
les observait avec curiosité. Ils se ressemblaient beaucoup. La
jeune fille avait des cheveux raides et marron clair. Son teint pâle
prononçait le bleu saphir de ses yeux.
— Vous ne vous dites pas au moins au revoir, comme vos féees ? Demanda Edhart.
— Vous ne vous dites pas au moins au revoir, comme vos féees ? Demanda Edhart.
Le
fé de Tyon et la fée de sa sœur se donnaient une accolade.
— Je ne veux pas qu'elle se mette à pleurnicher, fit Tyon avec orgueil, avant de s'éloigner de ses grands-parents pour rejoindre la charrette de Danne.
— Je ne veux pas qu'elle se mette à pleurnicher, fit Tyon avec orgueil, avant de s'éloigner de ses grands-parents pour rejoindre la charrette de Danne.
Elle
venait de finir de la charger. Les moas commençaient à pousser des
petits cris d'impatience.
—Bon...
nous devons partir maintenant... Notre journée sera très chargée.
Tyon
se laissa étreindre une dernière fois par ses grands-parents. Il
adressa ensuite un signe de la tête à sa sœur, qui haussa les
épaules. Il grimpa dans la charrette, à côté de Danne.
— Grand-mère, Grand-père... je... Allait-il commencer.
— Prends soin de toi Tyon, lança sa grand-mère, en s'avançant. Danne... veillez sur mon petit s'il vous plaît, c'est le seul des trois qui me reste... Je vous en supplie...
— Helléanore... Intervint Edhart en lui prenant la main. Fais attention à toi Tyon, sois sage... !
— Grand-mère, Grand-père... je... Allait-il commencer.
— Prends soin de toi Tyon, lança sa grand-mère, en s'avançant. Danne... veillez sur mon petit s'il vous plaît, c'est le seul des trois qui me reste... Je vous en supplie...
— Helléanore... Intervint Edhart en lui prenant la main. Fais attention à toi Tyon, sois sage... !
Tyon n'eut pas la force de répondre, tant il avait le cœur gonflé. Il se contenta d'approuver de la tête. Ses yeux brillaient, il sentait une boule lui monter à la gorge. Sa grand-mère faisait une tête d'enterrement comme s'il partait pour les champs de bataille. Cette scène lui rappela douloureusement des souvenirs, qu'il s'était toujours efforcé d'oublier...
Et
lorsqu'il croisa les yeux bleus de sa sœur remplis de larmes, il
détourna les siens. Danne claqua les rênes, et le véhicule
s'engagea dans la rue pavée bordée d'abricotiers fleuris, pour
rejoindre ce qui serait désormais sa nouvelle maison.
— Tyon prends soin de toi ! Lui lançait sa grand-mère.
— Tyon prends soin de toi ! Lui lançait sa grand-mère.
Edhart
la serra contre lui pendant que Rose courait et l'étreignait, les
joues couvertes de larmes.
— Grand-père, il me manque déjà... Sanglota-t-elle en le serrant de toutes ses forces.
— Je sais Rose... Il nous manque déjà à tous... Confia-t-il en regardant la charrette disparaître à l'horizon.
— Grand-père, il me manque déjà... Sanglota-t-elle en le serrant de toutes ses forces.
— Je sais Rose... Il nous manque déjà à tous... Confia-t-il en regardant la charrette disparaître à l'horizon.
1À
Natale, une année compte dix mois, et une saison dure cinq mois.
Donc en une année, la province ne connaît que deux longues
saisons.
1À
Natale, comme dans certaines provinces voisines, les fés et les
fées sont réunis dans une seule catégorie : les Féees.
Ton intro est très poétique... On se croirait dans un conte de fée :-)
RépondreSupprimerElise
(je dois signer à chaque fois maintenant?^^)
C'est tout à fait ça, je me suis inspiré des contes de fées pour la rédiger !
RépondreSupprimerPs: Je préfère que tu signes à chaque fois..! De préférence au début et à la fin du commentaire (je plaisante).
Merci encore de ta fidélité, chère Elise. Je t'en suis sincèrement reconnaissant.
J'aime beaucoup le début, c'est un mélange de conte pour enfant et de roman fantastique et c'est original.
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